Il existe différents types de voyages : le familial, le love to love, celui entre amis, celui pour découvrir, pour se reposer… et le voyage humanitaire ! Nous n’en n’avons jamais parlé et pourtant il fait parti des plus enrichissants.

Chaque année de nombreux jeunes français - et des moins jeunes aussi - partent à l’étranger pour donner “de sa personne“ et aider ceux dans le besoin. Une belle démarche ! Animée d’un peu de courage et de beaucoup d’envie Léonie, une jeune femme de 23 ans est partie, il y a maintenant 3 ans, au Bénin pendant 1 mois et nous raconte cette expérience unique et plus enrichissante que jamais.

Pourquoi un voyage humanitaire ? 
J’ai décidé de partir en voyage humanitaire parce que je voulais donner de ma personne pour venir en aide aux autres, m’investir pour venir en aide à des personnes dans le besoin. J’avais 18 ans, l’opportunité de le faire, j’ai donc saisi ma chance. J’ai toujours voulu partir en voyage humanitaire, sortir de ma zone de confort, me confronter à une autre réalité que celle du monde qui m’entoure, découvrir une nouvelle culture, de nouvelles personnes, une autre manière de voir le monde. 

Comment t’es tu préparée à ce voyage ?
Faire un voyage humanitaire seule à 18 ans ce n’est pas facile. J’ai donc cherché des organismes avec lesquels je pouvais partir. Ce n’était pas simple, sur internet on trouve beaucoup d’associations qui, pour moi, proposent du tourisme humanitaire : on peut partir deux semaines en Afrique, payer 2500 €, passer quelques heures dans la journée au contact de la population locale, mais au final être la majeure partie de son temps avec des occidentaux et ce n’était pas ce que je voulais faire. 
Une fois trouvé l’organisme qui me convenait, m’être renseignée sur ce qu’il proposait vraiment… j’ai entamé la procédure pour demander à partir avec eux. J’ai pu choisir le pays où je souhaitais aller. Au départ je voulais aller au Burundi, j’avais très envie de découvrir ce pays, je m’étais beaucoup renseignée, notamment grâce au site du ministère des affaires étrangères. Malheureusement la guerre civile a éclaté là-bas peu avant mon départ. Après concertation avec l’organisme nous avons décidé qu’il était préférable pour ma sécurité que je parte au Bénin, qui était mon second choix. 
À partir de ce moment-là, j’ai pu commencer les démarches administratives de visa, billets d’avion, faire tous mes vaccins, une liste de tous les médicaments qui pourraient servir… J’étais en contact régulièrement avec l’organisme, qui me conseillait sur ce qui me serait utile ou non, ce que je pouvais amener aux enfants…

Penses-tu qu’une personne qui n’a jamais voyagé puisse se lancer facilement dans cette aventure ?
Oui et non. Oui parce que je pense qu’à partir du moment où l’on est motivé, que notre projet est clair alors on saura le mener à bien. Cependant je pense qu’il est important d’être en contact avec des personnes qui connaissent le pays choisit, d’avoir des points de repères en cas de problème. Il est donc essentiel, selon moi, de partir avec quelqu’un qui a déjà vécu une expérience similaire ou avec un organisme spécialisé pour son premier voyage humanitaire, que l’on soit un voyageur expérimenté ou non. Un voyage humanitaire est différent d’un voyage touristique. Mais ce n’est pas parce qu’on n’a jamais voyagé qu’on ne peut pas partir en humanitaire, il suffit juste de bien construire son projet, d’être motivé et de savoir s’entourer des bonnes personnes.

Parles-nous un peu du rôle que tu as eu là-bas ?
Lorsque je suis partie j’avais 18 ans, c’était entre ma première et ma deuxième année de classe préparatoire. Je n’avais aucune expérience, aucune compétence spécifique. Je suis donc partie comme bénévole pour faire du soutien scolaire.
J’étais dans un orphelinat avec 10 enfants, nous étions deux volontaires sur place. Le matin nous donnions des cours de français et de maths aux enfants, et l’après-midi nous allions dans les villages aux alentours pour donner d’autres cours.
Mon rôle était donc de donner des cours aux enfants, mais pas seulement : je vivais à l’orphelinat, j’étais tout le temps avec les enfants, nous partagions tout. Quand je rentrais le soir nous faisions des jeux, du sport ensemble, je leur lisais des histoires, on allait au marché ensemble. Pendant le temps des repas on se racontait des histoires, je leur parlais de la France, du monde occidental, leur montrais des photos. Ils me faisaient découvrir leur culture, m’ont appris à cuisiner au charbon de bois, à chercher l’eau au puit. J’avais vraiment l’impression de faire partie de la famille qu’ils se sont construite à l’orphelinat. 

Le contact a été facile avec les enfants ? Les adultes ?
Oui le contact a été vraiment simple. Les enfants m’ont tout de suite accueillie, je me suis sentie tout de suite à l’aise. Ils m’attendaient, et étaient vraiment heureux que je sois là. Il y a quand même eu des moments compliqués, notamment parce que le français est la langue officielle du Bénin, mais ils parlent aussi d’autres langues, qui sont propres à chaque ethnie qui composent le bénin. Là où j’étais c’était les Fon, donc souvent ils parlaient en fon entre eux, c’était plus naturel pour eux. Au repas je devais leur demander de parler français pour que je puisse participer à la conversation. Mais à part ça il n’y a eu aucun problème de communication. Avec les adultes c’était également très simple. Tout le monde a toujours été bienveillant avec moi, ils étaient toujours là pour m’apporter leur aide que je les connaisse ou non. Pour eux, l’hospitalité est très importante. 

Tu as pu aussi visiter le pays ?
Oui, je travaillais la semaine, mais j’avais mes week-end de libre. Ça m’a permis de voyager autour de là où j’étais, Dassa-Zoumé, mais aussi de voyager dans le Bénin. J’ai notamment pu partir au nord. Là bas j’ai pu rencontrer les Somba, une autre ethnie, qui a une manière de vivre totalement différente de là où j’étais. J’ai également pu visiter les environs du village où j’étais.

Et quand il a fallu repartir ?
C’était dur ! Les enfants ne voulaient pas me laisser partir, tout comme je ne voulais pas les laisser. J’ai passé un mois à vivre tous les jours avec eux, je dormais avec eux, mangeais avec eux, je faisais vraiment partie de leur famille. Les au-revoir ont été déchirants, je ne voulais pas du tout rentrer en France. Le retour a aussi été dur parce que j’avais l’impression de ne pas me sentir à ma place. La culture est tellement différente. Ça me faisait bizarre de me retrouver dans les transports en commun et de ne pas parler avec mon voisin. Pourtant je suis partie seulement un mois. 
Aujourd’hui je suis toujours en contact avec les enfants, on fait des appels vidéos et on est toujours très content de pouvoir se parler. 

En es-tu ressortie plus “grande“ comme beaucoup aiment le dire ?
Oui très clairement. J’ai beaucoup appris sur moi pendant ce voyage, je pense que c’est pour ça qu’on dit souvent qu’on en ressort grandi. On est dans un pays qui n’est pas le nôtre, avec une culture complètement différente, loin de notre confort habituel, cela permet de découvrir ses limites. Un exemple tout simple, la douche n’était pas du tout comme chez nous, je cohabitais avec les araignées, les grenouilles et les milles pattes. J’ai dû pendant un mois me doucher à l’eau froide. Au début je me suis demandée comment j’allais faire, mais je me suis rendue compte que ce n’est pas si dur, et que le confort n’est qu’un détail. Ça peut sembler évident, mais pourtant ça ne l’est pas tant que ça. Je pense qu’au final j’ai plus appris que ce que je n’ai pu apprendre aux enfants, j’ai pu me rendre compte que le bonheur se trouve dans les choses simples.

Une petite anecdote ?
Il y en a tellement ! J’ai pu faire tellement de choses, découvrir les rites vaudou, fêter la fin du ramadan avec les enfants, apprendre aux enfants à dessiner, lire, et j’en passe.
Mais ma plus belle anecdote, qui est surement mon plus beau souvenir aussi, est lorsque nous sommes allés à la mer. Les enfants n’avaient jamais vu la mer, et au Bénin, plus précisément à Ouidah il y a ce qu’on appelle la porte de non-retour. Ouidah était le point de départ des esclaves vers les colonies, cette porte se trouve là où les bateaux étaient supposés partir et a été construite dans les années 90. Les enfants connaissaient très bien l’histoire autour de cette porte. Pour autant ils n’avaient jamais eu la chance de la voir. Avec l’autre volontaire qui était là avec moi on a voulu faire quelque chose pour les enfants, pour marquer nos derniers moments ensemble. En accord avec l’association nous avons emmené les enfants une journée là-bas et c’était extraordinaire. Nous avons eu pleins de galères sur la route, mais au final tout a été oublié au moment où les enfants ont vu la mer, c’était un tel moment de joie, de partage. C’était incroyable ! Si je devais garder un souvenir de ce voyage ce serait surement celui-ci. 

Et si c’était à refaire ?
Je signe sans hésiter ! Ce que je changerais, ce serait la durée de mon séjour. Aujourd’hui je partirais plus longtemps, mais parce que je sais à quoi m’attendre. Je pense que pour un premier voyage comme ça, un mois est la bonne durée. Mais aujourd’hui que j’ai cette expérience je me sens prête à rester plus longtemps. Je pense d’ailleurs repartir pour plusieurs mois dans les années à venir. 
C’est une expérience que je recommande à 2000% à tous ceux qui ont envie de la vivre, qui sont prêts à s’investir un maximum, à dépasser leurs limites.

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